Vendanges

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Vendanges 2013

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Tous les jours, enfin je vais essayer... ;-)


Les vendanges racontées au pied du pressoir "la tête dans le guidon" !

Jeudi 26 septembre 2013

Une  courte averse peut après 8h00 nous rappelle combien ce millésime a été et restera soumis aux aléas climatiques. Heureusement, le reste de la journée nous apportera un ciel très clément et de très belles températures dans l’après-midi.
Traditionnellement cette première journée est consacrée au Crémant d’Alsace. Deux cuvées sont pressées : l’une issue principalement de cépages blancs : Chardonnay, Auxerrois, Pinot Blanc et Riesling. L’autre est exclusivement élaborée à partir de Pinot Noir. Avec un degré potentiel de 11°6 respectivement de 11°9, nous nous prémunissons contre le risque d’avoir des vins de base trop alcoolisés tout en ayant des raisins mûrs aux équilibres acide tartrique / acide malique penchant nettement en faveur de l’acide tartrique garant de belles et longues bouches. Il ne sera donc pas utile de passer par l’étape de la fermentation malo-lactique destinée à « désacidifier » les vins en transformant l’acide malique dur (issu de fruits pas totalement  mûrs) en acide lactique de perception moins prononcée au palais. Nous préserverons donc tout la fraîcheur des arômes et de la bouche de ces vins.

Lundi 30 septembre 2013

Belle journée très clémente et parfaite pour vendanger : pas de vent,  pas de soleil, pas de pluie, pas de températures extrêmes. Une journée qui ne paye pas de mine, mais dont les conditions sont très appréciée par toute l’équipe. Celle-ci s’est légèrement agrandie depuis la semaine dernière, en veillant à ne pas tomber dans le gigantisme de manière à pouvoir rester agile et réactif.
La journée n’est pas très excitante : nous passons en effet dans ce qui reste des parcelles dévastées par le gibier au Printemps. Les pertes de récoltes sont immenses et se feront encore sentir l’année prochaine. Il serait grand temps que ces problèmes soient traités. L’exaspération monte en effet dans le vignoble…
Les Pinot Blanc et Auxerrois sont sains. Les moûts se goûtent de manière équilibrée au pressoir. Malheureusement ce sont des milliers de litres qui manquent à l’appel…

Mardi 1er Octobreauxerrois_350_px_2013.jpg

La journée ressemble à celle de la veille. Les conditions météorologiques sont a priori peu engageantes mais se révèlent être de parfaites conditions pour vendanger.
Nous continuons le travail dans les Auxerrois et Pinot Blanc dans le secteur des coteaux exposés au Nord de la Straeng. L’état sanitaire est parfait. Les raisins font plaisir à voir. Tout au plus peut on noter la petite taille des grappes et des baies. Les conditions perturbées  de mise à fleur, puis le début de l’été chaud et sec ne doivent pas être étrangers à cela. A noter aussi que les peaux sont parfois assez épaisses. Un point à ne pas oublier lors du pressurage.

Mercredi 2 octobre

La couverture nuageuse s’est déchirée. Les températures sont plus fraîches le matin, mais la journée sera très belle sans être trop chaude.
Nous en profitons pour récolter une partie des parcelles de Sylvaner. Ce cépage nous donne des vins frais, légers et gouleyants. Il a tendance à disparaître dans l’encépagement alsacien au Pinot de cépages dits « Nobles ».  C’est bien dommage.
Un essai dans une parcelle de Pinot Gris nous indique par ailleurs que ceux-ci ont bien profité des dernières journées.

Jeudi 3 octobre

La journée est belle, ensoleillée le matin puis un peu plus nuageuse ensuite. Les températures sont agréables sans être extrêmes. Parfait pour l’équipe de vendangeurs, mais aussi pour la préservation des belles acidités que nous avons encore dans les raisins.
Compte tenu de l’épisode pluvieux qui se profile pour vendredi et samedi mais aussi de la période de beau temps annoncée pour la semaine prochaine nous nous attaquons sans attendre aux grosses parcelles de Pinot Gris. J’ai l’habitude de dire que le Pinot Gris  est mûr à 10h00 et en surmaturité à14h00, tout cela pour dire que ce cépage est à surveiller comme le lait sur le feu en raison de sa propension à passer d’un état mûr à un état surmûri en très peu de temps. La décision était la bonne : au pressoir les moût se goutent bien et allient plénitude et finesse aromatique avec une belle fraîcheur garante de beaux équilibres dans les vins.

Lundi 7 octobre

Comme annoncé la fin de semaine a été très humide avec des précipitations de l’ordre de 30 mm. Ces journées de pluie pourraient constituer un tournant pour ces vendanges. Elles tombent en effet à un moment où les raisins sont mûrs ou proche de leur maturité. Les peaux sont fragiles et risquent de se rompre en cas de forte sollicitation. Ceci est surtout vrai pour les cépages de la famille des Pinot. Les Riesling mais aussi les Gewurztraminer peuvent encore résister. Il est heureux que nous ayons bien pu avancer la semaine dernière sur les Auxerrois, Pinot Blanc, Pinot Gris. La priorité de la semaine sera maintenant clairement de terminer de rentrer ces cépages, d’autant qu’une période humide et froide se profile pour la fin de la semaine.
Les températures sont douces et le ciel couvert. Aucune précipitation n’est notée en ce lundi.
Nous démarrons la journée dans les Sylvaner. Il ne semble pas qu’ils aient souffert de la période humide de la fin de semaine. En cours de journée, à partir du moment où les raisins ont bien pu sécher, nous passons au Pinot Noir pour terminer dans les Muscat

Mardi 8 Octobre

Journée grise aux températures douces. Pas de précipitations.
Les prévisions météorologiques pour la fin de la semaine annoncent des conditions humides et dégradées.
Nous décidons de mettre à l’abri tous les Pinot Gris. La journée démarre donc dans le Grand Cru Osterberg. Les grappes sont petites mais très saines. Au pressoir nous sommes à 13°2 en alcool potentiel. La structure acide traçante et citronnée de l’Osterberg est perceptible dans le moût.
Nous glissons ensuite vers le Trottacker, un lieu-dit adjacent à l’Osterberg caractérisé pas des sols profonds et bien alimentés en eau donnant des vins amples mais bien structurés.
Dans l’après-midi, le Grand Cru Kirchberg est récolté. A 12.8° les moûts seront parfaits pour atteindre l’objectif du Grand Cru Kirchberg gras et équilibré.
La fin de journée est ensuite consacrée au Pinot Gris dans l’appellation Alsace.
Il est à noter qu’il était grand temps de rentrer les Pinot Gris. Les peaux deviennent en effet très fragiles. Il n’est pas certain qu’elles résisteraient encore à une forte pluie.

Tour_des_bouchers.jpgMercredi 9 octobre

Encore une journée très agréable pour vendanger.
Nous nous hâtons de terminer le reste de Pinot Gris qui n’avait pu être terminé la veille.
Le Pinot Blanc Ribeauvillé est aussi rentré. Ces parcelles sont situées dans l’aire d’appellation Alsace Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé. Les Pinot Blanc qui s’y trouvent y avaient été plantés avant l’accession du Kirchberg à l’appellation Alsace Grand Cru. A ce moment là, la doctrine était que seuls quatre cépages étaient considérés comme étant assez « nobles » pour pouvoir être revendiqués en appellation Alsace Grand Cru : Riesling, Muscat, Pinot Gris et Gewurztraminer. C’est la raison pour laquelle nos Pinot Blanc du Kirchberg ne sont pas revendiqués en appellation Alsace Grand Cru. Cette variété est une variété à peau épaisse qui résiste bien aux agressions extérieures. Cela nous permet de d’attendre une belle maturité des raisins sans avoir trop de craintes quant au maintien de l’état sanitaire. Les moûts sont aromatiquement très fins et structurés. Pour terminer la journée nous faisons un test sur trois parcelles de Riesling. C’est en effet le prochain cépage dont il faudra s’occuper. Le résultat est très prometteur au pressoir avec une belle pureté et une structure prometteuse.
 
Jeudi 10 octobre

Fortes pluies en fin de nuit et en début de matinée. Bien entendu nous ne vendangeons pas.
En fin de journée, le pluviomètre nous indique 10 mm. Depuis que nous avons commencé à vendanger il a plu environ le dixième de la quantité annuelle. C’est beaucoup trop pour certains raisins. Dans le vignoble se trouvent schématiquement deux approches : les vignes d’un beau vert où c’est clairement le choix de la vigueur et du rendement qui a été fait et d’autres d’un vert plus clair, de vigueur plus modérée pour des rendements plus faibles, permettant une vraie expression des terroirs. L’approche des vignes à forte vigueur, souvent très soigneusement désherbées montre ses limites : les raisins, trop nombreux pour les conditions climatiques de ce millésime, peinent à mûrir et pourrissent sur pied. Pour les autres vignes, l’enherbement encore bien préservé permet de réduire la quantité d’azote disponible, réduit les velléités de la vigne à continuer son cycle végétatif, réduit les effets de la pluie qui a du mal à arriver aux racines, réduit aussi les risques de pourriture pour les raisins. Ceux-ci, en nombre raisonnables n’ont aucune peine à mûrir et restent sains. Nous sommes clairement dans cette seconde approche. Les raisins que nous avons encore sur pieds sont magnifiques à notre grande satisfaction.

Vendredi 11 octobre

Le temps sec est de retour mais il fait froid. Il a neigé sur les Hautes Vosges.
Nous consacrons cette journée aux Riesling des piémonts des coteaux et au Steinacker  dont les Riesling sont maintenant bien mûrs. Le Steinacker est un terroir assez précoce pour Ribeauvillé. Ses sols de graves aux intercouches d’argiles sont relativement drainants. De manière classique, nous relevons quelques traces de pourriture noble sur les raisins du Steinacker. Les bancs de brume matinale permettent très souvent au botrytis de ce mettre en place assez tôt. Les belles journées sèches permettent ensuite son dessèchement. Cela apporte gras et complexité aromatique au vin. Les maturités relevées sont idéales et devraient nous permettre d'atteindre l'équilibre recherché pour ce cru. Les dernières journées ont permis une belle progression. Au pressoir les arômes sont nets, précis, la bouche est ciselée d’une belle acidité. Tout ce ceci est très encourageant et nous laisse entrevoir de beaux vins racés et tendus typique de ce que Ribeauvillé sait proposer.

Au vu de la belle qualité de raisins que nous récoltons mais aussi des prévisions météo assez mitigées pour les prochains jours nous proposons à l’équipe de continuer demain matin.

Samedi 12 octobre

Il fait à nouveau frais ce matin. Le ciel, étoilé en fin de nuit, se couvre en début de matinée.  Très rapidement le brouillard arrive au point que nous ne voyons pas les fins de rangs…
Nous avons une équipe qui, en sa quasi-totalité, a pu venir. Ce matin nous continuons dans le Steinacker. Tout le monde est concentré. Personne ne se plaint et pourtant les conditions sont loin d’être estivales. Plus loin, une machine à vendanger gronde et déverse dans la benne sa bouillie de raisins que le viticulteur essaye tant bien que mal de préserver de l’oxydation à grand renfort de produits œnologiques dispersés à la surface. Deux approches du monde du vin : l’une avec, au centre, l’homme et le vin, l’autre purement financière.  Pour ceux qui dégusteront un jour ce Steinacker, souvenez vous que vous avez permis à une vingtaine de personnes, dont beaucoup peinent à trouver du travail, de retrouver un raison pour se lever le matin. Il nous semble que c’est aussi à cela que sert une Appellation d’Origine Contrôlée.

Lundi 14 octobre

La fin de semaine n’a pas été trop mauvaise. Quelques rayons de soleil ont même fait leur apparition. Cette journée de lundi est humide. Les averses légères alternent avec de courtes périodes ensoleillées.
Nous continuons notre travail dans les Riesling en appellation Alsace, puis à nouveau en Steinacker.  Ce cépage e peut plus attendre compte tenu de l’état des peaux.

Mardi 15 octobre

De fortes averses ont marqué la fin de la nuit. Contre toute attente, la journée sera bien meilleure qu’attendu. Le soleil refait de courtes apparitions. Les températures remontent légèrement.
Nous terminons les dernières parcelles du Steinacker et montons sur les coteaux du Muehlforst entre Ribeauvillé et Hunawihr. Ces parcelle de’ Riesling, lorsqu’elles avaient été vinifiées à part lors des derniers millésimes nous avaient toujours donné des vins très convaincants avec un belle structure en bouche.

Mercredi 16 octobre

Comme annoncé, les pluies ont été énormes en début de nuit précédente. Environ 12 mm sont tombés ce qui porte le cumul des précipitations depuis le 7 octobre à 70 mm. Heureusement, le beau temps revient avec une belle journée ensoleillée sans précipitations. Cela fera le plus grand bien au moral des vendangeurs et aux raisins qui, grâce à leur peau fragile et poreuse vont pouvoir se concentrer dès la moindre brise…
Nous faisons un premier galop d’essai dans les Gewurztraminer en commençant par les parcelles les plus précoces situées au pied des coteaux. Ce cépage, grâce à sa peau épaisse, a bien résisté aux tracas climatiques récents.

Jeudi 17 octobre

Une autre belle journée. L’air est pur, les couleurs sont claquantes. Sous le soleil il fait même chaud. Il y a beaucoup de monde dans les vignes.
Une journée en trois volets : Nous démarrons dans les Pinot Noir du Grossberg. Les raisins issus du Grossberg situé à l’ouest du Grand Cru Kirchberg sont en général plus tardifs. La bonne aération de ce terroir permet le maintien d’un excellent état sanitaire quoi qu’il arrive. Cette année ne fait pas exception. Il n’est quasiment pas nécessaire de trier les raisins pour éliminer ceux qui ne sont pas parfaits. Comme une grande partie des Pinot, la récolte est faible cette année. La suite de la journée est consacrée au Hagel, terroir aux sols pauvres sur socle granitique situé sur les pentes sous les châteaux. L’équipe est scindée en deux : les plus agiles montent dans la partie haute, le reste de l’équipe reste sur la partie basse. Là aussi, la récolte est petite. La floraison n’est pas la seule cause : les oiseaux et le gibier ont, à nouveau sévi. Pour terminer la journée, nous contribuons dans des parcelles de Gewurztraminer moins pentues.
Demain nous attaquons les Grands Crus…

Vendredi 18 octobre

Une belle journée aux températures très douces.
Nous montons directement sur le Grand Cru Kirchberg et ses Riesling. Environ 30 à 40% des grappes sont atteintes de botrytis aux premiers stades : changement de couleur et fragilisation des peaux. Au vu de l’expérience du millésime 2004 mais aussi de 2007, nous décidons de ne pas séparer les grappes saines des grappes atteintes de botrytris. En effet, que ce soit pour le millésime 2004 ou le 2007 où nous avions procédé à ce tri, les vins ont finalement été assembles au moment de la mise en bouteille. Aucun des vins pris seul n’avait la cohérence et la puissance que l’on attend d’un Grand Cru. Par contre, cette année à nouveau, la jeune parcelle est séparée et sera assemblée au Riesling d’appellation Alsace. Selon l’avis de tous, les raisins n’ont pas encore la plénitude d’expression de leur homologues des parcelles adjacentes plus vieilles. Au pressoir les moûts sont fins équilibrés et présentent une belle structure. Une grande satisfaction pour nous à ce stade.

Samedi 19 octobre

Encore une nouvelle journée de beau temps. Les températures frisent les 20°C. Une très bonne chose pour aider les phénomènes de concentration qui sont en cours sur les raisins dont les peaux ont été fragilisées par les pluies et rendues poreuses à l’air par la dégradation enzymatique induite par le botrytis.
Les Riesling du Grand Cru Osterberg sont vendangés sous le soleil. Au pressoir, le même type de cycle de pressurage que celui utilisé pour les raisins du Kirchberg est utilisé : un cycle très long et très doux - plus de 11 heures - évite une dilacération et une mise en solution des peaux des baies ce qui rendrait les moûts difficiles à débourber et permet surtout une extraction des précurseurs d’arômes engendrés par le botrytris. Les jus ont clairs et faciliteront ensuite un débourbage soigné et précis pou une expression aromatique nette et précise du vin.

Après ces deux journées nous sommes plus que soulagés. Malgré les conditions délicates de début octobre et grâce aux belles journées de la seconde partie de cette semaine, les Grands Crus ont pu être récoltés dans de bonnes conditions. Au vu des moûts dégustés en sortie de pressoir, nous sommes impatients de déguster les vins finis.


Lundi 21 octobre

Les pluies annoncées pour la veille sont tombées : 17 mm de plus pour ces vendanges 2013. Heureusement que les conditions météorologiques de la nuit ont été plus clémentes. Cette journée est belle et ensoleillée. Les températures sont quasi estivales.
Nous poursuivons les vendanges dans les parcelles de Gewurztraminer. Une mauvaise surprise en fin de journée : la parcelle du Rotenberg a été dévastée par les étourneaux. C’est toujours le risque en fin de vendanges : les oiseaux se rabattent sur les dernières parcelles présentes.

Mardi 22 octobre

Encore une belle journée chaude et ensoleillée.
Compte tenu des prévisions météo qui nous annoncent à nouveau de fortes pluies pour mercredi, nous décidons récolter les parcelles du Grand Cru Osterberg en Gewurztraminer. Celles-ci frôlent le niveau requis pour produire des Vendanges Tardives. Le vignoble est très actif. Tout le monde semble avoir fait le même raisonnement.
Avec ces parcelles, nous terminons ces vendanges 2013.

Une mention particulière à notre agréable équipe de vendangeurs qui n’a pas rencontré que des journées faciles cette année ainsi qu’à l’intendance qui a su régaler tout le monde jour après jour…


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Etienne SIPP







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