Cette année est à nouveau une année précoce. Malgré un débourrement des vignes tardif dû à la rigueur et à la fraîcheur du printemps, la floraison est intervenue plus tôt qu’une année normale vers le 7 juin à Ribeauvillé grâce à remontée rapide des températures des mois d’avril et le mai. Elle s’est en général bien déroulée, de même que la nouaison. Cette avance d’une quinzaine de jours sur une année normale s’est maintenue malgré un mois de juillet assez maussade. Le mois d’août chaud et ensoleillé a permis une belle maturation des raisins. Ce millésime peut ainsi être comparé au millésime 2000 voire, par certains côtés, au millésime 2003.
Le ban des vendanges pour le Crémant d’Alsace est ouvert depuis le 31 août 2009. Nous avons préféré attendre 8 jours de plus de manière à récolter des raisins suffisamment mûrs afin de pouvoir élaborer un vin de base nature, présentant de belles acidités mûres. Une acidité mûre, constituée majoritairement acide tartrique, permet en effet de se passer de fermentation malo-lactique et ainsi garder toute la fraîcheur et la finesse aromatique des moûts.
Le météo est de notre côté : il fait beau et même très chaud, plus chaud même que de nombreux jours de juillet.
Cette première journée est consacrée au Pinot Blanc, à l’Auxerrois et au Chardonnay. Les raisins sont dans un état sanitaire exceptionnel ce qui nous permet d’avancer très rapidement.
Les conditions météorologiques sont toujours aussi stables avec un beau soleil et des températures caniculaires frôlant les 30°C.
La journée est consacrée exclusivement au Pinot Noir destiné à l’élaboration du Crémant l’Alsace. Nous choisissons pour cela les parcelles de plaine plus productives que celles des coteaux, mais aussi les jeunes vignes qui ne sont pas encore profondément ancrées dans leur terroir.
La fin de semaine est plus fraîche, mais toujours très ensoleillée. Seule la journée de vendredi est plus couverte en matinée. Un vent du Nord est présent et permettra de faire avancer les phénomènes de concentration des sucres non pas par une action de maturation mais par une action de concentration physique des constituants de la baie. Ce phénomène, appelé passerillage lorsqu’il se produit sur des raisins partiellement atteint de pourriture noble, est particulièrement intéressant dans la mesure il permet de concentrer les sucres et l’acidité au sein des baies.
Nous dédions cette première journée de vendanges des vins tranquilles à Willemine Koetsier, fidèle ambassadrice des vins d’Alsace dans le Nord des Pays-Bas et grande amatrice de Pinot Gris. Willemine nous a quittés brutalement cet été.
Nous avions longuement discuté de la problématique liée au Pinot Gris avec Willemine et Hans, son époux, cet été. Entre des vins trop secs et des vins très riches où se trouve le bon compromis ? Cette question est liée, entre autres, à la question de la différence entre la maturité technologique (celle qui permet d’avoir un raisin permettant d’élaborer un vin) et la maturité physiologique (liée à un fruit mûr d’une plante ayant terminé son cycle de reproduction). Dans les conditions climatiques actuelles, il n’est en effet pas rare d’avoir des raisins présentant des taux de sucres suffisamment élevés pour être vinifiés (maturité technologique atteinte), mais ayant encore des pépins verts, signes d’un fruit n’ayant pas encore atteint sa maturité physiologique.
Lors des derniers contrôles de maturité effectués en fin de semaine dernière sur nos parcelles de Pinot Gris, nous avons pu constater des niveaux de sucre compris entre 12,5% et 13,5%. Une attention particulière a été apportée à l’évaluation des pépins : dans la plupart des parcelles, ceux-ci ont quitté leur couleur verte pour passer au brun signe d’une maturité physiologique proche. Nous avons donc décidé de faire une première « tournée » dans nos parcelles de Pinot Gris en veillant à ne choisir que celles ayant, a priori, le meilleurs compromis entre degré d’alcool potentiel et pépins mûrs. L’état sanitaire est tout simplement parfait. Seuls quelques rares raisins présentent des baies commençant à flétrir, signe du démarrage de la pourriture noble. Les vents du nord n’ont certainement pas été étrangers à ce début de concentration. Au pressoir les jus nous montrent qu’il était grand temps de récolter ces raisins pour avoir une chance d’obtenir l’équilibre que nous recherchons dans les Pinot Gris et, pourquoi pas, produire une Cuvée qui aurait pu être appréciée par Willemine !
La journée commence par des conditions météo assez moroses, mais le ciel devient rapidement plus lumineux. La journée est sèche avec très peu de vent.
Nous restons dans la famille des Pinot : après les Pinot Noir (pour le Crémant la semaine dernière), les Pinot Gris hier, nous passons au Pinot…Blanc et à l’Auxerrois qui, comme son nom ne l’indique pas, ne provient pas d’Auxerre (plus de détails ici sur l’Auxerrois ici). Les Auxerrois ont pour particularité de mûrir assez facilement sous nos latitudes avec toutefois une tendance à perdre leur acidité assez rapidement. C’est pour cette raison que ce cépage est très souvent associé au Pinot Blanc, plus vif pour donner un Pinot gras, fruité et structuré. Aujourd’hui une cuvée 100% à base d’Auxerrois est tirée de nos plus vieilles parcelles. Avec un degré potentiel mesuré en sortie de pressoir de l’ordre de 12.8% nous devrions être en mesure de vous proposer un vin dans son style habituel fruité, ample et gras. Les autres Auxerrois seront vinifiés avec les Pinot Blanc pour donner le Pinot : fruité, sec et frais.
Une petite inquiétude ce soir : les météorologues français et allemands n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les conditions des prochains jours. Les Français nous annoncent un passage pluvieux alors que nos amis d’outre Rhin sont bien plus optimistes dans leurs prévisions. Les choses étaient trop simples jusqu’à présent…
Nous démarrons la journée dans les Pinot Blanc et Auxerrois avec la ferme intention d’y rester toute la journée. En milieu de matinée les prévisions météorologiques que nous avons l’habitude de consulter se mettent toutes d’accord pour nous annoncer de la pluie en fin de journée. Dans ces conditions, nous décidons de changer de programme et de faire un premier passage dans les Pinot Noir dont les prélèvements nous ont montré qu’ils étaient mûrs. Il est en effet hors de question pour nous de risquer de compromettre la qualité de ces raisins qui allie maturité et état sanitaire parfait. Comme nous sommes toujours un peu joueurs, nous laissons, (hormis le Grossberg qui est toujours récolté plus tardivement de part sa situation en coteaux), une petite parcelle « de référence ». L’avenir nous dira si notre choix a été le bon. En début de soirée les premières gouttes de pluie commencent à tomber. Toute la question est de savoir combien il pleuvra. Je parie pour ma part pour une très faible quantité d’eau. Demain nous saurons…
Les pluies annoncées sont arrivées, mais de manière tardive vers la fin de la nuit. Malgré la faible ampleur de ces précipitations (3 mm), il n’est pas possible de sortir. Les raisins sont en effet trop mouillés. Compte tenu de la bonne tenue des raisins, nous recommencerons à vendanger vendredi.
Nous reprenons par un temps sec puis plus lourd et lumineux au fur et à mesure que la journée avance. Compte tenu du faible risque de pluie en queue de précipitation, nous choisissons de nous concentrer sur les Sylvaner de nos vieilles vignes, principalement sur les coteaux entre Ribeauvillé et Bergheim. Les baies des raisins sont encore bien tendues, l’état sanitaire parfait (au risque de me répéter…) et les maturités sont bien au rendez vous avec une moyenne au chargement du pressoir de 12°2. Rappelons que nous cherchons à vinifier des vins secs, fruités, frais, immédiats et de plaisir. Il est donc tout à fait inutile de viser des maturités stratosphériques au risque de produire des vins lourds et ne répondant pas à ce que nous cherchons dans un Sylvaner.
La suite de la journée est plus inattendue puisque nous décidons après un ultime contrôle de maturité de vendanger une partie du Grand Cru Osterberg, dans les parcelles de Pinot Gris. Le Pinot Gris, de manière générale, est très minoritaire sur l’Osterberg : sont surtout présents le Gewurztraminer et le Riesling. Ces vins sont toujours très tendus, avec un type d’acidité reconnaissable. Ils sont en général assez rapidement expressifs tout en présentent un excellent potentiel de garde. Lorsque les conditions météorologiques le permettent, les Gewurztraminer sont récoltés en présence de pourriture noble soit sous la mention Vendanges Tardives soit en Sélection de Grains Nobles. Dans ce jeu nos Pinot Gris ont un peu de mal à trouver leur style oscillant dans une style sec (rarement) riche (assez souvent) ou moelleux (assez souvent aussi). Le choix de récolter ces raisins n’est pas anodin dans l’optique de produire un Grand Vin de Terroir : deux visions cohabitent : la première consistant à dire que le terroir est souverain qu’il produise un vin sec ou botrytisé. L’homme, dans ce cas le vigneron, doit se plier au millésime. Dans notre cas il faudrait encore attendre pour évaluer l’évolution des raisins. La seconde façon de voir les choses est de repartir de la définition maintenant bien acceptée de la notion de terroir associant les aspects géologiques, le microclimat, la nature du matériel végétal, les traditions (pratiques culturales, vinifications…) et enfin l’homme qui pratique sur ce terroir. Lorsque matériellement nous le pouvons, c’est plutôt la deuxième approche que nous essayons d’adopter. Après avoir procédé à un contrôle de maturité très méthodique sur toute la parcelle, de haut en bas et sur les deux faces, après avoir considéré la couleur des pépins, et, ultime test, après avoir croqué les pépins pour vérifier qu’ils étaient sont mûrs et sans amertume, force est de est de constater que les raisins sont mûrs. Tous les paramètres techniques et physiologiques s’accordent à dire que les raisins peuvent être récoltés. Considérant donc : (i) les résultats du contrôle de maturité (13°4), (ii) la venue du weekend avec ses incertitudes météorologiques (pluies pouvant altérer les raisins mûrs ou beau temps conduisant à une forte augmentation de leur concentration), (iii) et enfin le style que nous voulons donner à nos Osterberg, la décision de vendanger des raisins est rapidement prise.
Dans les discussions actuelles qui animent le vignoble alsacien dans l’optique de passage de nos appellation du système AOC au système AOP « Appellation d’Origine Protégée » il nous est demandé de définir nos vins et d’expliquer en quoi ils sont spéciaux sur chaque terroir, en d’autres mots d’expliciter le lien de ces vins à leur terroir qui les rend si différents d’autres vins. Nous espérons que ce vin, dans cette approche, nous permettra aussi de mieux affiner cette définition en permettant la comparaison avec les vins issus des deux autres cépages (si nous arrivons à les vinifier dans le même style) sur ce même millésime.
Etat du vignoble le dimanche 20 septembre 2009 : Comme on peut le constater sur l'image ci-dessous le vignoble n'a pas subi de grand changement par rapport à la semaine dernière (voir photo du début de la page).
Une petite pluie est venue assombrir la fin de journée de dimanche. Ce lundi est chaud et relativement ensoleillé dans l’après-midi. La matinée est mise à profit pour vendanger les parcelles du Burgweg situées sous les châteaux. Au programme : Muscat d’Alsace, Sylvaner, Pinot Blanc, Riesling et Gewurztraminer.
En deuxième partie de journée nous nous occupons du Trottacker où les Pinot Gris s’annoncent avec de belles maturités de l’ordre de 13°7 suffisantes pour le type de vin que nous recherchons. L’état sanitaire est excellent avec même quelques signes de démarrage de la pourriture noble. Les moûts au pressoir se montrent vifs et racés et présentent déjà cette fraîcheur si caractéristique de ce terroir.
En fin de journée, les différentes parcelles de Muscat : Muscat Ottonel et Muscat d’Alsace sont récoltées. L’expression aromatique de ces raisins est très intense. Leur état sanitaire nous laisse entrevoir de belles possibilités de macération pelliculaire afin d’extraire un maximum des arômes présent dans la peu des baies. Ces raisins seront donc éraflés , mis à macérer sur le pressoir pendant 12 à 18 heures et pressés ensuite.
Les conditions météorologiques restent stables : il fait beau et même très chaud avec des températures frôlant les 30°C. Personne ne s’en plaint sauf ceux, dans le vignoble, qui ont des parcelles en arrêt de maturation par manque d’eau. Ceux-ci attendent avec impatience la pluie pour espérer voir repartir le processus de maturation. Pour le moment nous avons la chance de ne pas être dans ce cas là. Les grands terroirs de Ribeauvillé sont suffisamment alimentés en eau des différentes sources issues du massif vosgien qui parcourent les failles du champ de fracture. Les sols lourds montrent quant à eux des fissures larges de plusieurs centimètres à certains endroits sans que les vignes ne semblent en souffrir. Ce qui attire notre attention en ce moment est la baisse inexorable des acidités des raisins. Celles-ci sont progressivement « brulées » par l’accumulation des hautes températures. Il convient donc d’être vigilant si l’on veut conserver dans nos vins le caractère frais, structuré, fringuant et élégant. Compte tenu des conditions météorologiques stables nous pourrions ralentir notre progression. Nous ne faisons pas ce choix, préférant continuer à avancer régulièrement en étant très sélectif sur les parcelles récoltées. A partir du moment où la maturité est atteinte, nous privilégions en effet les acidités à un éventuel gain supplémentaire de maturité. Par ailleurs il nous reste ce soir près de 19 hectares non vendangés avec de très beaux raisins. Nous ne souhaitons pas perdre cet acquit pour un bénéfice finalement assez incertain.
La journée est donc consacrée aux derniers Pinot Blanc et Riesling entre Ribeauvillé et Bergheim ainsi qu’aux Riesling du Muehlforst.
Mercredi 23 septembre 2009 – C’est presque la canicule
Le beau temps s’installe avec des températures dignes d’un mois de juillet. Le manque de vent rend les conditions de récolte difficiles dans l’après-midi ce qui nous conduit à raccourcir la journée.
La journée est consacrée aux Riesling des piémonts de coteau dans le secteur du Steinacker. Dans les parcelles les plus vigoureuses, de la pourriture noble au stade « pourri plein » est présente. Heureusement les conditions météorologiques sèches et chaudes ne permettent pas au botrytis de partir dans sa phase de développement anarchique conduisant à la pourriture grise. A ce stade, les baies atteintes ne sont pas encore ridées et confites, mais commencent à montrer les arômes de surmaturité.
Les conditions météorologiques sont stables. La matinée est plus fraîche que la veille, mais un ciel plus clair permettra aux températures de monter très rapidement pour friser les 30°C à nouveau. A priori, ces conditions ne sont pas prêtes de s’arrêter. Paradoxalement, cette vague de chaleur nous amène à maintenir la cadence. La dégradation de l’acidité se poursuit. Nous avons la chance d’être encore à des niveaux normaux (similaires à ceux du millésime 2005). Nous ne voulons surtout pas perdre cet acquit.
Nous commençons par des Gewurztraminer de divers terroirs entre les deux extrémités de notre vignoble : Muehlforst (Hunawihr) et Streng (Bergheim). Nous continuons par une parcelle de Pinot gris située au dessus du Grand Cru Kirchberg. Les Pinot Gris du Kirchberg sont laissés de côté. Nous souhaitons en effet des conditions de récolte optimales pour nos Grands Crus. Il sera donc récolté demain matin à la première heure. De cette manière les raisins ainsi que les moûts seront froids et bien moins sensibles aux phénomènes d’oxydation qui pourraient être dommageables aux précurseurs d’arômes. La journée se terminera avec de très beaux Pinot Blanc issus des parcelles que nous avons dans le Grand Cru Kirchberg. Ces raisins, destinés au Pinot Blanc Ribeauvillé, ont très bien évolué ces derniers jours. Cela sera l’excellente surprise du jour et nous laisse entrevoir de très belles perspectives dans les Grands Crus en Riesling pour bientôt !
Pas de changement du côté de la météo. Il fait toujours beau et chaud.
Nous démarrons dans le Kirchberg avec des parcelles de Pinot Gris. Notre objectif est de produire un Kirchberg gras, équilibré et gastronomique. Au niveau de la gestion locale nous avons défini le degré minimum à 13% pour s’assurer d’avoir des raisins physiologiquement mûrs. Cela ne nous laisse pas une grande fenêtre de tir connaissant l’aptitude du Pinot Gris à passer rapidement en surmaturité. Les raisins sont rentrés à 13.3%. Les moûts sont aromatiques avec un joli fruit au nez, mais surtout présentent cette acidité si caractéristique des Kirchberg. Le reste de la journée est consacrée au Gewurztraminer.
Etat du vignoble le samedi 26 septembre - peu de changement, mais l'automne commence à montrer ses effets
La fin de semaine a été magnifique et il en est de même ce lundi : temps chaud et ensoleillé. Seules les nuits sont maintenant plus fraîches, et, le matin, il y a de nouveau de la rosée au sol ce qui n’était plus le cas en fin de semaine dernière.
La journée est consacrée au Riesling dans le secteur du Steinacker. Par rapport à la semaine dernière nous avons gagné près d’un demi-degré d’alcool potentiel dans les raisins. La sécheresse commence à se ressentir sur certains plants situés dans les terroirs drainants : les anciennes feuilles dessèchent. Comme tous les ans dans ce secteur, les raisins sont partiellement atteints de pourriture noble : cela confèrera au vin un nez explosif sur des notes de fruits exotiques et une bouche grasse.
Les conditions météorologiques sont toujours aussi belles.
Nous scindons l’équipe des vendangeurs en deux sous équipes pour vendanger le Hagel. Ce terroir granitique situé sous les châteaux de Ribeauvillé est en effet assez raide par endroits. Seuls les pieds les plus vaillants montent sur la partie la plus haute. Le reste de l’équipe s’occupe des terrasses de la partie basse situées au dessus de la route d’Aubure.
Pour terminer la journée nous terminons de rentrer les Riesling du Hagenau.
Il fait toujours très beau mais un peu moins chaud. Un risque de pluie est annoncé pour jeudi.
C’est le moment de rentrer nos Pinot Noir du Grossberg. Ce terroir situé à l’ouest du Grand Cru Kirchberg est plus tardif que les situations plus basses mais nous livre en général des raisins en excellent état sanitaire. Cette année ne fait pas exception de ce côté-là. La maturité ne fait pas défaut non plus avec un degré mesuré à 13,9%. Le reste de la journée est consacré aux Gewurztraminer : d’une part le Rotenberg qui, isolé au milieu d’un ilot de parcelles déjà vendangées par nos voisins, constitue une table bien garnie pour les nuées d’étourneaux qui grossissent de jour en jour. Nous terminons enfin le Steinacker (Riesling) que nous n’avions pas pu terminer lundi.
A ce stade, nous décidons de faire une pause. Les Grands Crus Osterberg et Kirchberg sont en effet paradoxalement toujours plus tardifs. Quant aux Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles, cela reste une possibilité très incertaine compte tenu du peu de développement du botrytis pour le moment en raison des conditions extrêmement sèche que nous subissons. Seule une parcelle de Pinot Gris présente pour le moment le niveau requis pour être récoltée en Vendanges Tardives. Compte tenu de l’excellent état des raisins et de l’espoir de voir un beau botrytis se développer nous décidons de ne pas y toucher pour le moment.
La pluie qui aurait pu tomber n’est finalement pas arrivée et la journée sera de nouveau très belle. Le feuillage des vignes commence à prendre ses teintes ocres (voir la photo ci-dessous prise le samedi 3 octobre 2009)
La fin de semaine a été belle avec des températures plus fraîches et un peu de vent. Aucune précipitation n’est tombée. Les prévisions pour ce début de semaine sont plus mitigées avec une forte probabilité de pluie pour la fin de journée. Le lever du soleil est magnifique avec un ciel pommelé de nuages colorés, les Alpes suisses sont nettement visibles au loin et ce pendant une grande partie de la matinée ce qui est annonciateur de mauvais temps.
Les prélèvements sur les Grands Crus Riesling ont montré pour la première fois des parcelles dont le phénomène de maturation avait stoppé. A ce stade seule une concentration par passerillage (concentration des jus des baies par évaporation de l’eau) est à espérer. Compte tenu des forts risques de pluie nous décidons de nous consacrer aux Grands Crus. La matinée et le début d’après-midi sont consacrés au Kirchberg dans les Riesling, le reste de la journée suffira tout juste pour rentrer les parcelles les plus âgées de l’Osterberg. Vers 17h00 une première averse arrive. A partir de 18h15 celle-ci se transforme en pluie plus soutenue. Nous avons donc réussi notre pari : laisser mûrir les Riesling jusqu’à l’extrême limite avant l’arrivée de la pluie. En 2006 nous avions fait le même calcul avec un succès certain sur le Kirchberg…
La suite de la semaine dépendra maintenant des précipitations : de leur ampleur, mais aussi du vent qui permettra au feuillage et aux raisins de sécher. Nous avons en effet plusieurs parcelles de Gewurztraminer et de Pinot Gris ayant atteint le niveau requis pour l’élaboration des Vendanges Tardives.
Revenons tout d’abord à nos Grands Crus récoltés hier : au pressoir ils affichent tous les deux le même degré d’alcool potentiel : 12°9. Compte tenu du rendement des levures, cela correspondrait à un vin sec à 13°5 après fermentation. Nous sommes donc plus que satisfaits par ces valeurs. Au niveau des acidités, le constat est tout aussi remarquable : les acidités totales se situent dans les valeurs des très grands derniers millésimes comme 2006, 2005, 2001 et 1999. Au-delà de ces valeurs absolues, c’est le rapport entre l’acide malique et l’acide tartrique qui est tout simplement idéal. On retrouve dans ces expressions de l’acidité les caractéristiques propres à chaque Grand Cru : L’Osterberg présente l’acidité la plus marquée, qualifiée d’ « osseuse » par les anciens. Le Kirchberg quant à lui se retrouve à un niveau légèrement inférieur. Nous lions ces expressions principalement au type d’exposition des ces deux Grands Crus : Est/Sud-Est pour l’Osterberg et Sud-Ouest pour le Kirchberg.
Notre journée de vendanges : les pluies de la veille ont été quasi nulles avec moins de 2 mm. La nuit dégagée et les vents nocturnes ont permis au feuillage de sécher. Compte tenu de l’annonce de forts orages pour jeudi, nous décidons de faire une première tournée dans les parcelles susceptibles de produire des Vendanges Tardives. Les constats réalisés sur moûts après pressurage par l’agent de l’Office d’Inspection nous indiquent des degrés potentiels compris entre 15°6 et 16°. Rappelons que le seuil pour les Vendanges Tardives en Gewurztraminer se situe à 15°3.
A la faveur de la nuit, la vague de chaleur annoncée s’installe. Au vendangeoir nous avons commencé la semaine avec 13°C , les températures sont maintenant à 25°C voire 30°C dans les vignes ! La menace des orages violents de jeudi plane toujours. Nous continuons à vendanger les parcelles de Gewurztraminer Vendanges Tardives.
Nous attaquons aussi les Gewurztraminer de l’Osterberg. Ils présentent en effet un départ de botrytis dans certaines parcelles. Deux cuvées sont réalisées : d’une part une cuvée destinée à produire un vin sec, d’autre part un vin plus riche sur la base des parcelles présentant des raisins botytisés en forte proportion. Nous ne réalisons pas de tries (sélection des raisins atteints de botrytis) pour obtenir le niveau requis pour les Vendanges Tardives. Ayant utilisé cette méthode dans le passé, nous avons, dans quelques cas, constaté que le fait de retirer les raisins les plus botrytisés d’une parcelle ne conduisait pas forcément à un vin harmonieux et complet. C’est pour cette raison que nous préférons désormais récolter des parcelles entières pour donner plus de profondeur et de cohérence aux vins.
Nous marquons une pause et reprendrons certainement vers le 15 octobre. Il nous reste en effet principalement du Pinot Gris et du Gewurztraminer. Jeudi 15 octobre il devrait faire très froid le matin avec des températures négatives. Nous allons suivre cela de près…
Pour vous faire patienter, une vue du Grossberg, du Kirchberg et du Geisberg prise le 12 octobre 2009.
Cela se précise doucement pour la fin des vendanges jeudi. Des gelées sont en effet annoncées à partir de demain matin (14 octobre) mais surtout de jeudi matin! Patience...
La semaine de pause que nous avons observée a été marquée par quelques pluies, du vent, mais surtout une chute vertigineuse des températures : nous sommes passés du tee-shirt aux habits d’hiver en moins d’une semaine. Mardi et mercredi ayant été des journées sans précipitation et plutôt venteuses, nous décidons de nous tenir à notre programme pour terminer de récolter les dernières parcelles qui nous restent. Les prévisions incertaines et médiocres pour vendredi et les jours suivants ne nous motivent en effet pas à laisser nos raisins sur pied.
La journée démarre donc dans un froid vif et venteux par une sélection (trie) des baies les plus atteintes de botrytis dans la parcelle de Pinot Gris située sous l’Osterberg et que nous avions réservée pour cela. Cette parcelle constitue souvent la base de nos Sélections de Grains Nobles. Elle est en effet bien aérée, pas trop vigoureuse et semble offrir de bonnes conditions pour le développement du botrytis sous une forme très pure. Après pressurage des baies récoltées, le constat réalisé sur moût par l’agent de contrôle de l’Office d’Inspection nous confirme le bon travail réalisé par l’équipe : avec un degré d’alcool potentiel de 21.7°, nous devrions avoir une base solide pour l’élaboration d’un Sélection de Grains Nobles. L’avenir nous dira si cette SGN méritera notre dénomination « Cœur de Tries » que nous réservons aux SGN les plus pures, équilibrées et les plus démonstratives de ce que peuvent nous livrer des raisins atteints de botrytis et bien triés.
La suite de cette journée est consacrée à la parcelle de Gewurztraminer voisine qui sera récoltée et validée en Vendanges Tardives.
Enfin, et histoire de nettoyer les sécateurs pleins de sucre, nous terminons ces vendanges par une petite parcelle de chasselas dont les raisins commencent maintenant à flétrir, tout en ayant gardé un état sanitaire parfait.
La journée, et ces vendanges, se terminera autour d’un Pinot Gris et d’un morceau de Kougelhopf. La satisfaction est bien entendu de mise compte tenu des conditions exceptionnelles dont nous avons bénéficié durant ces vendanges.
Ce matin (samedi 17 octobre), les premières neiges sont tombées dans les Vosges. L’hiver arrive à grands pas…
Dans quelques jours je vous parlerai des premiers résultats des dégustations des vins du millésime 2009.
Etienne Sipp
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